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Le Média

Ce que nos poubelles disent de nous

poubelle pleine de déchets

La grève des éboueurs dans plusieurs villes françaises nous a rappellé, comme lors du confinement, combien ils sont indispensables à la survie de nos villes et nous jette au visage la montagne de déchets que plus de 15 jours de grève ont provoqué. Une bonne occasion de réfléchir sur la gestion de nos propres poubelles.

 

Nos déchets : c’est 4.6 tonnes par habitant en 2020

Depuis 2007, nous constatons une réduction de 4,6% des déchets produits par habitant grâce notamment à la prévention, à la réutilisation, au réemploi, à la réparation et à la réduction du gaspillage alimentaire.

Cela reste quand même 310 millions de tonnes de déchets produits en 2020 dont 37 millions pour les ménages soit 550 Kg / habitant (tous types de déchets confondus : alimentaire, textiles, numériques …).

Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), 3/4 de ce qui se trouve dans nos poubelles n’y a en réalité pas sa place, puisqu’elles contiennent en moyenne :

  • 35 % de papiers et d’emballages qui auraient pu être triés,
  • 27 % de déchets organiques qui auraient pu être compostés,
  • 5 % de déchets disposant de filières dédiées,
  • mais aussi des textiles sanitaires et d’autres catégories de déchets.
les déchets en France

En 2018, au niveau européen la production s’élève à 2 610 millions de tonnes, soit une augmentation de 2,9 % par rapport à 2016. Cela représente en moyenne 5,1 tonnes par habitant. La France se situe dans cette moyenne européenne. Cependant, hors « déchets minéraux principaux » elle est en deçà (1,5 tonne/habitant contre 1,8 tonne/habitant pour la moyenne européenne).

Des disparités importantes existent entre pays, liées à leur caractéristiques propres (institutionnelles, industrielles, démographiques…), mais aussi à la qualité de leur système d’information.

Tableau comparatif : Eurostat, mars 2021

Il y a donc encore du travail à faire en France pour qu’une prise de conscience soit effective. Nous avons aussi (un peu) commencé à nous inspirer d’autres pays.

 

Un bon exemple, celui du Japon

Nous avons découvert différents objets, en provenance du Japon, qui permettent de les réutiliser. Qu’il s’agisse des “bento boxes” les boîtes à lunch ; les sacs en tissu pour transporter les courses ; les carrés de tissus traditionnels ou furoshiki qui sont utilisés pour emballer des cadeaux … et nous en avons adopté d’autres aussi tels que les sachets pour acheter en vrac ; les wraps en cire d’abeille ou les sacs en tissu pour remplacer les emballages alimentaires jetables ; les carrés de tissu avec éponge pour remplacer les cotons de démaquillage etc. 

Il faut dire que les Japonais ont démarré tôt leur démarche tendant au “0 déchet”. Ainsi, Kamikatsu, petite ville des montagnes de Shikoku, est la première municipalité au Japon à avoir promulgué une politique zéro déchet dès 2003. Avec 45 bacs de tri différents, répartis en 13 catégories, la politique de gestion des déchets a demandé une grande rigueur de la part des habitants, mais a porté ses fruits : Kamikatsu a atteint un taux de recyclage de tous ses déchets de 81% en 2016.

La question des déchets est donc devenue un enjeu de taille au Japon au point même, que la capitale japonaise, Tokyo, accueillera en novembre prochain la première compétition mondiale de «SpoGomi», une discipline créée en 2008 qui consiste à ramasser le maximum de détritus en une heure.

 

Le 0 déchet, un projet politique à part entière

En comparaison, la France et ses initiatives locales de ramassage de déchets et ses 3 à 4 poubelles de tri (le tout-venant ; le papier, cartons, emballages ; le verre) apparaît vraiment comme un petit joueur. Cependant, un pas de plus se fera, à partir du 31 décembre 2023, car les collectivités devront s’assurer de la généralisation du tri à la source des biodéchets (déchets de cuisine, restes de repas et déchets du jardin) sur leur territoire.

Pour la directrice de l’association Zero Waste France, Flore Berlingen estime que le mode de vie « zéro déchet » relève d’une prise de conscience individuelle et collective qui doit repenser le déchet et son système de production, contre le gaspillage et la surconsommation. D’ailleurs le mot anglais “waste” désigne bien à la fois le déchet et le gaspillage.

A titre individuel, il s’agit de regarder nos déchets en face, pour constater leur omniprésence dès que nous faisons un achat, si petit soit-il : l’emballage de nos yaourts, de nos fruits et légumes dans les supermarchés, de nos commandes en ligne qui arrivent dans des cartons parfois immenses par rapport au produit qui se trouve à l’intérieur etc… auquel on peut aussi ajouter le gaspillage alimentaire. Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées, soit l’équivalent de 150 kg/hab./an. Dans les ordures ménagères et assimilées, on trouve l’équivalent de 20 kg/hab./an de déchets alimentaires, dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés.

Le “0 déchet” passe par une prise de conscience : en amont, celle du gaspillage évident dès que nous achetons un produit, ensuite vers l’achat d’objets, si possible, réparables et réutilisables et enfin par une gestion au quotidien de notre consommation. Elle passe donc par nous, consommateurs car la réglementation actuelle est encore bien frileuse.

 

En France, une réglementation existe mais elle est bien peu contraignante

En France, il existe plusieurs réglementations qui concernent les objets réutilisables et durables, notamment en matière d’environnement et de santé publique.

Tout d’abord, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) adoptée en août 2015 vise à réduire les déchets et à promouvoir l’économie circulaire en France. Cette loi encourage la réduction des emballages jetables et l’utilisation d’emballages réutilisables. Elle prévoit également la mise en place de dispositifs de collecte séparée pour les déchets organiques et la mise en place de mesures visant à encourager la réutilisation des produits.

Ensuite, la réglementation relative à l’hygiène alimentaire impose des normes strictes pour les objets réutilisables destinés au contact alimentaire, tels que les bouteilles en verre, les gourdes et les couverts réutilisables. Ces normes visent à garantir la sécurité alimentaire et la qualité des produits consommés.

Par ailleurs, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC) adoptée en février 2020 vise à renforcer les mesures de réduction des déchets et à encourager la réutilisation des produits. Cette loi prévoit notamment la mise en place d’un indice de réparabilité pour les produits électroniques et électroménagers, ainsi que des mesures visant à encourager la réutilisation des produits en fin de vie.

Enfin, le Plan national d’action pour l’économie circulaire, lancé en 2018, prévoit une série de mesures visant à encourager la réutilisation des produits et la réduction des déchets, notamment à travers le développement de filières de réemploi et de réutilisation, la mise en place de dispositifs de collecte séparée et de consignes pour les emballages, ainsi que la promotion de l’écoconception.

Bocaux en verre avec des céréales

D’accord pour réduire mes déchets mais je fais comment ? 

Se renseigner, chercher des innovations, trouver des interlocuteurs qui aident … cela prend du temps, c’est vrai.

C’est pourquoi voici quelques astuces à mettre en place

comment réduire ses déchets

Saviez-vous également qu’au 1er janvier 2023, 100% des magasins et plateformes Biocoop mettent en place une solution de valorisation des biodéchets ? Avec l’association Sikle, le magasin met à disposition des habitants des bacs de collecte qui sont, une fois plein, récupérés par l’association (à vélo !) pour être valorisés dans leur zone de compostage. Il collecte environ 1 500 kg de biodéchets par mois dont environ 20 % sont issus du magasin.

C’est aussi le rôle de cette newsletter mensuelle : celui de vous apporter des réponses à vos réflexions et préoccupations, en lien avec l’écologie au sens large.

D’ailleurs, nous vous présenterons prochainement une méthode simplissime pour limiter nos déchets et nos achats.
D’ici là, n’hésitez pas à vous lancer des défis 0 déchet. On compte sur vous !

Cet article a été écrit par Hélène Gonzalez, 
rédactrice curieuse et passionnée.

Photo Helene Gonzalez

Temps de lecture : 7 mn

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