Préparez-vous aux soldes d’été en organisant votre garde-robe grâce à nos astuces ! Évitez les doublons, affirmez votre style et réalisez des économies avec notre guide pratique.
Mais au fait? … d’où viennent les soldes ? qui les a inventées ? pour quelle raison ?
Une invention … parisienne
Il était une fois un homme du nom de Simon Mannoury, normand d’origine, qui en 1830 décide de fonder un magasin de nouveautés rue du Bac, dans le 7ème arrondissement de Paris.
Cette boutique, nommée “Petit Saint-Thomas”, se veut inspirée de la philosophie de saint Thomas d’Acquin, celui qui associe la foi et la raison. En effet, pour Simon Mannoury, les clients doivent avoir foi en la réussite commerciale du magasin et en ses dirigeants.
Il faut savoir qu’au début du XIXe siècle, le monde de la boutique est un monde vieillot qui, à quelques exceptions près, refuse obstinément toute forme d’innovation. Les pratiques traditionnelles telles que le choix restreint des articles, l’absence de vitrines d’exposition et de rayons, le refus de la publicité, les prix non affichés- ce qui génère d’interminables marchandages et des prix très élevés, faute de rotation de stocks, vente à « la bobine » c’est-à-dire à « la tête du client » … sont les méthodes que l’on trouve chez la plupart des commerçants.
Simon Mannoury, homme d’affaires français et petit génie de la vente, va remettre en cause ce système traditionnel de vente : au lieu de la négociation du prix, Le Petit Saint-Thomas propose aux clients des articles vendus à des prix fixes et clairement affichés. Cette innovation révolutionne les méthodes traditionnelles de commercialisation. Il est également à l’origine d’une série d’intuitions et de pratiques qui précède le marketing moderne, tels que le système de prix fixes exposés comme nous venons de le dire mais aussi des expositions saisonnières ; la vente par correspondance. Il avait même fait l’acquisition d’un âne pour promener les enfants dans les galeries pendant que les mères faisaient leurs courses.

Au Petit Saint-Thomas -Jules Chéret, imprimeur, vers 1880.
BnF, Estampes et Photographie (Chéret gd roul. 10) © Bibliothèque nationale de France
Avec ce nouveau modèle de vente, les clients viennent plus nombreux et les produits s’accumulent rapidement et donc les invendus aussi. Pour libérer de la place dans les rayons et récupérer de la trésorerie afin d’acheter de nouvelles marchandises, Simon Mannoury organise un événement commercial de déstockage massif, avec des prix cassés : les soldes sont nées.
Les clients, méfiants au départ (est-ce que l’article “en solde” est de la même qualité que ceux vendus habituellement ?”) sont assez vite séduits par cette nouveauté et viennent fort nombreux dans sa boutique pour profiter de ces offres exceptionnelles. L’opération est un tel succès que Simon décide de renouveler l’expérience à chaque fin de saison.
Cette pratique innovante fut bientôt reprise par les autres commerçants parisiens, qui imitèrent le concept de Simon. Ainsi, les “prix cassés” sont devenus une habitude à Paris et ont fini par être officiellement reconnus sous le nom de “solde”.
Solde s’utilisa d’abord au singulier et désignait un bout de tissu qui vaut un sou (soulde en vieux français). C’est avec les premières lois encadrant ce système de fixation de prix que les soldes s’exprimèrent au pluriel. Les premiers textes officiels apparaissent dès 1906 : les marchands pratiquant ce type de vente doivent alors obtenir une autorisation du maire de leur cité. Ils ont aussi l’obligation de tenir des comptes précis sur leurs inventaires.
C’est donc à Paris au XIXème siècle que les soldes ont été créés et connaissent depuis un “succès” mondial.
Mais l’histoire de ce magasin de nouveautés ne s’arrête pas là. En effet, en 1834, un certain Aristide Boucicaut entre au Petit Saint Thomas comme vendeur puis devient chef des rayons des châles. En 1852, étant parvenu à mettre de côté la somme rondelette de 50.000 francs, Aristide Boucicaut quitte le Petit Saint-Thomas et s’associe avec un certain Paul Videau, fondateur, quelques années plus tôt, d’un autre magasin de nouveautés situé à l’angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac et qui s’appelle … le Bon Marché.
C’est ce même magasin devenu “Grand Magasin” qui a inspiré Emile Zola pour son roman “Au bonheur des dames”, qui dépeint la vie d’une vendeuse dans un grand magasin de Paris.
Les soldes : un rituel bien encadré dans la notre société de consommation
Deux fois par an et depuis bientôt deux siècles, nous avons donc rendez-vous avec nos enseignes préférées pour faire de “bonnes affaires” (magasin ou les achats sur internet). Nous avons tous encore en tête ces images de foules prenant d’assaut les entrées d’un magasin dès son ouverture et celles de batailles de chiffonniers – chiffonnières s’arrachant un vêtement tant désiré.

Deux fois par an, les commerçants sont donc autorisés à solder certaines de leurs marchandises, c’est-à dire à vendre leurs stocks à perte. La réglementation encadre cette pratique et fixe le calendrier.
Ingénieux ce Simon Mannoury et visionnaire ce Auguste Boucicaut ! Mais aujourd’hui, la stratégie dans l’habillement notamment n’est pas de solder les invendus … c’est de vendre encore plus ! Et ça, ce n’est pas sans poser un sacré problème environnemental.
Devenons plus critiques à l'égard de l'industrie du vêtement
Un peu comme l’industrie du tabac à une certaine époque, celle de la “mode” nous tient de fausses promesses.
Dès 1953, des rapports scientifiques certifient que la fumée de cigarette provoque le cancer mais une puissante stratégie de communication des firmes du tabac se met en place pour instiller le doute et sauver cette industrie qui génère des milliards.
De la même manière, l’industrie du textile qui vend déjà près de deux milliards et demi de vêtements en France (nous ne sommes que 67 millions pour rappel), nous encourage à continuer à acheter de façon continue (les grandes enseignes proposent plus d’une dizaine de collections par an ; soldes deux fois par an ; ventes privées ;” Black Friday” ; paiement échelonné parfois, mails et SMS à répétition …) alors que les invendus ont un coût financier exorbitant (4 milliards d’euros par an) et les deux réunis ont un impact écologique désastreux (l’industrie textile est la deuxième plus polluante après celle du pétrole).
Alors renoncer aux soldes ? Pas nécessairement mais en les abordant comme une solution d’achats moins coûteux , si et seulement si le besoin est vraiment là. Et pour cela, il faut plonger dans nos gardes-robes pour y faire le tri et vérifier, dans nos enseignes préférées, les vêtements qui pourraient nous intéresser. C’est aussi une formidable occasion d’aller s’intéresser aux marques éco-responsables de vêtements, si vous ne l’avez pas encore fait, pour mixer plaisir d’achats et cohérence éthique.
Rangement de nos vêtements à la japonaise
Tout d’abord, il est important de se mettre dans l’état d’esprit du “joyeux désencombrement”.
On commence par se préparer une bonne tasse de sa boisson préférée, on ouvre les portes de ses placards et par catégorie de vêtements, on fait le rituel suivant : prenez chaque vêtement dans vos mains et demandez vous : “Est-ce que ce pull me procure de la joie ?” ; “Est-ce cette couleur de pantalon me plait toujours ?”
Si la réponse est oui, mettez-le de côté.
Si la réponse est non, remerciez-le pour les services rendus et envoyez le au pays des vêtements à oublier.

Maintenant, passons à la phase de pliage. Le secret est de plier les vêtements de manière à ce qu’ils se tiennent debout, comme s’ils étaient des petits soldats prêts à partir au combat de la mode. En pliant les vêtements de cette manière, vous pourrez les empiler verticalement et économiser de l’espace dans votre armoire.
Ce sera aussi une bonne occasion de vérifier les points suivants :
- si vous n’avez pas trop de doublons (“est-ce que j’ai vraiment besoin de six T-Shirts blancs ?”), – Si vous portez toujours cette couleur (“ce pantalon orange est finalement vraiment trop orange !” – L’absence de cohérence dans vos tenues (j’ai un pull marron qui ne va avec rien dans ma garde-robe actuelle)
- et l’état d’usure et de réparabilité de vos vêtements (“j’adore ces deux pulls mais les coudes sont morts … et si je faisais coudre des coudières de couleur ?”). Pourquoi pas d’ailleurs vous lancer dans le “visible mending” ou réparation visible : et ça, c’est vraiment “swag” (stylé) !
Et enfin, pour faire de la place pour les futurs achats en soldes, une méthode très simple existe : vendez ou donner les vêtements que vous avez envoyés au pays des vêtements à oublier.
C’est l’occasion de gérer son budget “vêtements” et du coup, de faire quelques économies !
Alors, prêt-e à vous amuser en rangeant vos vêtements à la japonaise ? N’oubliez pas de dire “Arigato” à vos vêtements avant de les ranger !
Jouer au détective dans votre magasin préféré
Maintenant que vous avez bien en tête votre garde-robe (en nombre, en couleurs, en assortiments …) et fait le vide, vous savez très exactement ce dont vous avez besoin … ou finalement peut-être n’avez-vous besoin de rien et les deux sont OK pour vous.
Mais si vous souhaitez renouveler une pièce de votre penderie, allez, avant les soldes, vérifier chez quelle enseigne ou marque, vous pourriez la trouver. Essayez-la et surtout regardez le prix indiqué sur l’étiquette voire prenez le en photo sur votre téléphone portable.
En effet, depuis le 28 mai 2022, de nouvelles règles sur les réductions de prix sont en vigueur.
Désormais, tout marchand, organisant une opération commerciale (qu’il s’agisse de soldes, de promotions, de ventes privées, d’opérations type Black Friday, etc.) devra obligatoirement prendre comme prix de référence (ou prix barré, c’est-à-dire celui à partir duquel est calculé le montant de la ristourne) le prix le plus bas qu’il a pratiqué dans le mois précédant l’entrée en vigueur de la promotion.
Concrètement, si le marchand veut vendre 90 € un produit qu’il a vendu entre 100 et 130 € dans les 30 jours précédant la promotion, le prix barré devra être de 100 €. La réduction affichée sera donc de 10 %. Les commerçants ne pourront plus choisir des prix plus élevés, parfois de manière arbitraire.
Ce serait quand même dommage de ne pas bénéficier de vrais soldes et de faire des économies !
Voilà ! vous avez deux mois devant vous pour vous préparer aux soldes d’été qui commencent le 28 juin 2023. Après “Arigato !” (Merci), dites “Sakini !” (En avant).
Le mois prochain, toujours pour vous préparer aux soldes d’été, nous vous présenterons une méthode simplissime pour faire des achats raisonnés et pas impulsifs … vous savez … ceux qu’on regrette une semaine après !. D’ici là … bon rangement de Printemps !
Cet article a été écrit par Hélène Gonzalez,
rédactrice curieuse et passionnée

Sources
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